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Les Vikings ont le plus souvent été décrits comme des barbares incultes et illettrés qui accordaient plus d’intérêt au pillage qu’à la poésie. En fait, les Vikings ont laissé derrière eux un grand nombre de documents gravés dans la pierre, le bois et le métal, tous recouverts d’énigmatiques symboles connus sous le nom de runes. Ils s’en remettaient à ces symboles non seulement pour écrire, mais aussi pour lire l’avenir, lancer des sorts et assurer une protection.
Les tribus primitives germaniques d’Europe du nord ont été les premières à développer ces runes, mais les Scandinaves eurent tôt fait d’adopter ces symboles pour leur propre usage. Quand les navigateurs Vikings voyagèrent vers des pays lointains ils apportèrent leur système d’écriture, laissant des inscriptions runiques jusque dans des endroits aussi éloignés que le Groenland. Partout où ils allèrent, les Vikings transcrivirent des runes pour exprimer la poésie ( Neuf chants suprêmes/J’appris du fils renommé/De Bölthorn, père de Bestla,/Et je pus boire/Du précieux hydromel/Puisé dans Ódrerir – L’Edda poétique Hávàmal, l’Ode du Très-Haut ) mais aussi des choses bien plus prosaïques (“cette boite appartient à Rannvieg”) les gravant un peu partout, des grands monuments en pierre jusqu’aux objets domestiques les plus communs.
L’alphabet runique, ou Futhark forme son nom à partir des six premières lettres de cet alphabet (f, u, th, a, r, k), tout comme le mot “alphabet” découle des deux premières lettres de l’alphabet Grec, alpha et beta. Chaque rune représente un son phonétique mais possède également son propre sens souvent lié à la mythologie Nordique. Les érudits supposent qu’à l’origine, les peuples primitifs utilisaient les runes comme un moyen de communication et seulement par la suite à des fin magiques.
Les historiens ne s’accordent pas quant au point de départ de l’utilisation des runes. Comme les premiers objets gravés de runes (qu’on a retrouvé) datent du IIe et IIIe siècle de notre ère, certains supposent que l’alphabet runique a surgi au cours du premier siècle après JC. Les chercheurs s’accordent à dire que les runes sont nées d’un alphabet plus ancien, mais il n’est pas clair duquel. L’alphabet Étrusque serait un bon candidat. Beaucoup affirment que la proximité géographique des Étrusques, qui vivaient en Italie du nord, et des tribus Germaniques de l’Europe du nord rend probable une certaine forme d’échange culturel entre ces deux groupes. Des similarités existent dans la forme de certaines lettres Étrusques et l’alphabet runique. le Latin serait une autre possibilité d’alphabet source. Ceux qui souscrivent à cette théorie croient que les nombreux échanges commerciaux durant le 1er siècle entre les tribus Germaniques et l’empire Romain ont exposé les premiers à l’alphabet latin. Les Nordiques ont peut-être simplement emprunté les lettres aux Romains et les ont adaptées à leurs propres besoins.
Les Scandinaves avaient leur propre explication concernant l’apparition des runes. D’après la légende Odin se perça de sa propre lance et resta suspendu à un arbre dans un geste d’autosacrifice pour acquérir le savoir occulte. Là, pendant 9 nuits venteuses, il apprît le mystère des runes, qu’il transmît alors à son peuple. Comme les peuples nordiques crurent que l’écriture runique était un cadeau d’Odin, ils la traitèrent avec beaucoup de respect. La croyance en l’origine divine des runes contribua également à l’idée que ces runes possédaient des pouvoirs magiques.
Ceux qui les utilisaient à des fins magiques prenaient les pouvoirs surnaturels des runes très au sérieux. Ainsi qu’un poète Viking l’écrivait, “ne laissez nul homme graver des runes pour jeter un sort, assurez vous d’abord qu’il apprenne à les lire (interpréter) correctement”. Alors que les membres des classes supérieures étaient nombreux à savoir lire et écrire les runes, les Vikings appelaient un spécialiste lorsqu’il s’agissait de travailler avec les propriétés chamaniques de leur alphabet. Ces experts, appelés Maîtres des Runes, étaient spécialement formés pour utiliser les runes à des fins de divination ou de sorcellerie.
A en juger par les nombreux poèmes et légendes relatant leurs exploits, les Maîtres des Runes tenaient des positions de haute importance dans la société Viking. Dans un conte, une femme tombe mortellement malade à cause de la maladresse d’un Maître des Runes amateur. Le sorcier avait sculpté une formule runique sur un os de baleine que la femme suspendît au-dessus de son lit. L’inscription était sensée la protéger, mais parce qu’elle portait les mauvaises runes, cela la rendît malade. Un autre Maître des Runes corrigea ces runes, et la femme guérît immédiatement. Dans une autre histoire, un Maître des Runes inscrivît des symboles runiques protecteurs sur sa corne à boire. Quand un rival essaya d’empoisonner sa boisson, la corne se brisa en deux. Grâce à sa connaissance des runes, le Maître des Runes sauva sa propre vie.
Les Maîtres des Runes étaient aussi très habiles au lancer de rune, une méthode de divination. Dans une technique communément utilisée en lancer de rune, le devin sculptait ses runes sur un morceau d’écorce, jetait alors les pièces au sol, en choisissait trois au hasard, et utilisait les symboles inscrit sur celles-ci pour répondre à la question de son client. Une variante utilisait des runes peintes sur des cailloux plats. Il les mettait alors dans un sac en cuir, secouait le sac et lançait les cailloux à terre. Les runes qui atterrissaient coté face servaient à la divination.
Les guerriers Vikings exploitaient aussi le pouvoir des arcanes (mystérieux) des runes en temps de guerre. Les inscriptions runiques sur les épées imploraient les dieux soit pour protéger le propriétaire de l’épée soit pour apporter misère et douleur à son ennemi. Les berserkers, dont le comportement téméraire sur le champ de bataille est à l’origine du mot anglais “berserk” (fou furieux) doivent certainement en partie leur réputation aux runes. Ces guerriers gravaient habituellement le symbole runique de Tyr, le dieu de la guerre, sur leurs boucliers. Ils chargeaient alors sans crainte, dans la profonde conviction que rien ne pourrait vaincre le pouvoir des runes.
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